D’OU VIENT CE PETIT AIR DANS MA TÊTE ?

Alors est-ce à cause de leurs créateurs ? Non, selon Fabrice Aboulker, auteur entre autre des tubes Pour une biguine avec toi ou Qu’est-ce que t’es belle de Marc Lavoine et Catherine Ringer. Il ajoute : "Bien sûr, nous, musiciens, avons quelques trucs : il existe des suites harmoniques qui se retiennent plus facilement que d’autres, mais cela ne suffit pas. La capacité « obsessionnelle » ne se résume ni à l’enchaînement technique de notes ni à la diffusion radio."
Pour Peter Szendy, philosophe et musicologue, "Ce qui nous happe, ce sont des airs simples et répétitifs. Notre cerveau joue le rôle de chambre d’écho : il répète ce qui se répète."
Mais notre cerveau utilise aussi la régression. Fabrice Aboulker s’est rendu compte que ses hits avaient tous l’allure de comptines pour enfants. Pour lui, une mélodie est comme une odeur qui nous ramène à un endroit ou un moment de notre histoire.
Pour les paroles, c'est pareil : les plus entêtantes, celles qu'on fredonne en boucle, se caractérisent généralement par leur capacité à ne rien "signifier" clairement.
Ce n’est pas tout. La ritournelle qui nous habite peut avoir un pouvoir encore plus puissant : celui de nous guérir, comme le raconte Oliver Sacks dans son récit Sur une jambe.
Pendant une excursion dans les montagnes norvégiennes, le neurologue s’était blessé à la cuisse. Opéré, soigné, il n’arrivait plus à marcher, ni à sentir sa jambe gauche.
Jusqu’au jour où, après plusieurs semaines d’angoisses, il raconte qu’une musique de Mendelssohn monta en lui. Aussitôt, il se mit à marcher, sans effort, joyeusement avec la musique.
Son corps morcelé s’était réunifié grâce au mouvement puissant d’un concerto qui, après l’avoir fait vibrer, revenait le hanter pour son bien.
A lire aussi, "Musicophilia, la musique, le cerveau et nous" d'Oliver Sacks.
SOURCE : PSYCHOLOGIES MAGAZINE
http://legrandmorning.rtl2.fr/2012/02/dou-vient-ce-petit-air-dans-ma-t%C3%AAte-.html